Décarbonation de la France et de l’UE, où en est-on ?

Décarbonation de la France et de l’UE, où en est-on ?

La France s’est fixée pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% en 2030 par rapport à 1990 (année de référence des objectifs en Europe). Selon l’INSEE, les émissions de gaz à effet de serre ont atteint 403 Mt en 2023. C’est 31% de moins qu’en 1990. 2023 a été une bonne année avec un repli de près de 6% de nos émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2022. Les premières données de 2024 témoignent, en revanche, d’un essoufflement de la dynamique avec -2% sur les trois premiers trimestres selon le CITEPA.

————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————

5,8 t CO2eq

 L’intensité carbone par habitant en France en 2023, à comparer à la moyenne de l’UE de 7,3 tCO2eq. Nos voisins allemands étaient à 8,3 tCO2eq.

Source : EDGAR

————————————————————————————————————————————————————————————————————————————————

Rappelons que l’UE a pour objectif de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans l’optique d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En 2023, les émissions de l’UE étaient en recul de 37% par rapport à 1990. La France sous-performe donc un peu l’UE en termes de dynamique, mais son intensité carbone est l’une des plus basses de l’Union grâce à son abondante production d’électricité décarbonée. Les temps de passage sont donc satisfaisants, mais la marche est haute pour atteindre l’objectif de 2030.

Un bilan moins flatteur si l’on parle d’empreinte carbone

Le bilan est, toutefois, moins positif lorsque l’on prend en compte notre empreinte carbone, soit les émissions nationales et la balance commerciale carbone. Le solde de notre balance commerciale n’est pas bon et celui de notre balance carbone encore moins. Selon l’INSEE, nos émissions importées, en 2023, se sont élevées à 362 MtCO2eq contre des émissions exportées de 122 MtCO2eq.  Au final, notre empreinte carbone a été de 644 MtCO2eq en 2023. C’est 60% de plus que nos seules émissions sur le territoire national, ce qui relativise un peu les choses. Ces émissions importées nettes viennent d’abord de l’UE (87 MtCO2eq), de la Chine (59 MtCO2eq) et de la Russie (38 MtCO2eq, de l’énergie essentiellement). La tendance est à la baisse, mais elle n’est que de 10% entre 1990 et 2023 (26% depuis le pic de notre empreinte carbone atteinte en 2008). La balance carbone de l’UE est moins déséquilibrée, les importations nettes représentant 30% des émissions de la zone.

Un arsenal de dispositifs dédiés au carbone

Chacun se fera son idée sur la manière de voir le verre. Il est, en tout cas, indéniable que la France et l’UE se décarbonent et que la tendance est nettement orientée à la baisse. L’UE estime toutefois que la trajectoire actuelle de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne permet pas d’atteindre l’objectif de baisse de 55% d’ici la fin de la décennie. Elle table plutôt sur -49%. A moins de remettre en question leurs objectifs, ce que prônent diverses parties prenantes, la France et l’UE vont devoir encore une fois accélérer si elles veulent tenir leurs engagements.

Les dispositifs de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre sont nombreux à commencer par le Système d’Échange des Quotas d’Émissions (marché du CO2), ou ETS en anglais, principal levier pour inciter les plus gros émetteurs à réduire leur empreinte. La réforme du SEQE, adoptée en 2023, en durcit d’ailleurs les modalités d’application. L’introduction progressive du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières devrait changer la donne. Ce mécanisme prévoit la fin des quotas d’émission de gaz à effet de serre gratuits pour certains produits fabriqués dans l’UE (acier, ciment, engrais…) en parallèle de la mise en place d’une tarification du contenu carbone de leurs équivalents importés pour éviter les situations de distorsion de concurrence.

L’introduction d’un ETS 2 dédié au transport et aux bâtiments est également prévu pour 2027. Les entreprises de ces secteurs devront, comme celles concernées par l’ETS, acquérir des quotas d’émission. Le démarrage de la filière du captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS, Carbon Capture Utilisation and Storage) en France comme en Europe est, par ailleurs, un levier supplémentaire de décarbonation. La France s’est dotée en 2024 d’une stratégie en la matière avec un objectif de 30 à 50 MtCO2eq captées et stockées d’ici 2050. L’UE réfléchit aussi à se fixer un cap en la matière. Affaire à suivre…

 

Vous souhaitez en savoir plus sur la problématique carbone, les objectifs et les stratégies de l’UE et de la France, les mécanismes en vigueur… Watt’s Next Conseil lance une formation dédiée au carbone. Un panorama complet en une journée. La première session aura lieu le 4 avril 2025.

Pour en savoir plus : https://wattsnext.fr/formation/formation-les-marches-du-carbone/

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !