Le taux de marge brute moyen des électro-gaziers européens divisé par deux en 2022

L’EBITDA cumulé des 20 électro-gaziers européens s’est élevé à un peu plus de 93 milliards d’euros en 2022, soit une baisse de 15% par rapport à l’exercice précédent. EDF et Uniper sont largement responsables de la situation. En les excluant, l’EBITDA cumulé des 18 atteint presque 109 milliards d’euros, soit la meilleure performance de tous les temps (et même la seule fois où la barre des 100 milliards d’euros a été franchie sans les deux groupes).

En termes de profitabilité, 2022 n’est pas une bonne année. L’EBITDA/CA pondéré des 20 premiers électro-gaziers européens a fondu en 2022 pour passer sous la barre des 10% pour la première fois. Le secteur, dans son ensemble, n’a pas profité de la crise énergétique. 14 des 20 opérateurs analysés ont enregistré un repli de leur profitabilité opérationnelle.

En excluant Uniper et EDF, l’EBITDA/CA pondéré remonte à 14,4%, mais la tendance demeure à la baisse (ratio de 18,9% en 2021). Les situations individuelles sont toutefois très hétérogènes.

Uniper et EDF, les perdants de la crise énergétique

Des performances tirées par la production et le négoce d’électricité

CEZ a été l’opérateur le plus profitable l’an dernier. Il a pleinement bénéficié de l’envolée des prix de gros de l’électricité. L’activité production et négoce a généré près de 80% de son EBITDA (contre environ 50% en 2021), dont la moitié grâce à ses 4,3 GW nucléaires. Statkraft arrive en 2ème position. L’opérateur norvégien est un habitué du haut du classement de la profitabilité. Son parc de production décarboné, principalement hydroélectrique, lui a encore assuré un niveau de marge très élevé. La performance a toutefois été nettement amoindrie par la baisse de 15% de sa production hydroélectrique en raison d’une pluviométrie faible. La sécheresse qui a sévi un peu partout en Europe a d’ailleurs pénalisé tous les hydroélectriciens (EDP, Enel, Engie…).

Derrière, SSE, Iberdrola, Ørsted et EDP sont d’autres habitués du haut du classement avec des taux de marge supérieurs à 20%. SSE est parvenu à maintenir une profitabilité stable, à la différence des 3 autres opérateurs dont la profitabilité a assez nettement reculé (-7 points pour Ørsted, -6 points pour Iberdrola et -3 points pour EDP). La profitabilité de leur activité solutions clients a été pénalisée par la montée des prix de gros alors que leur activité amont n’en a pas toujours pleinement bénéficié : baisse de la production hydroélectrique pour Iberdrola et EDP (-50% et -30% respectivement) et impact négatif sur le trading d’Ørsted notamment. Parmi les habituels meilleurs performers signalons le cas de Vattenfall. Le groupe suédois, leader de l’indicateur en 2021, a été rétrogradé dans le ventre mou du classement. Au-delà de l’effet de base avec 2021 lié à des produits exceptionnels, l’activité trading de Vattenfall a souffert et son activité réseau de chaleur a généré une perte opérationnelle à cause de la hausse des prix du gaz naturel.

De lourdes pertes pour les deux géants

En queue de peloton de notre palmarès, figurent Uniper et EDF, les deux grands perdants de la crise énergétique. Les deux leaders électro-gaziers ont toutefois connu des situations très différentes. L’opérateur allemand a réalisé un EBITDA de -10,2 milliards d’euros. Cette perte est la conséquence de la guerre en Ukraine. Uniper avait un contrat d’approvisionnement en gaz russe de 254 TWh. A partir de juin 2022, Gazprom a réduit ses livraisons pour finalement les interrompre à partir d’août 2022. Uniper a dû acheter sur les marchés les volumes manquants pour satisfaire à ses propres engagements contractuels vis-à-vis de ses clients, mais à des prix exorbitants. Coût de l’opération : 13,2 milliards d’euros.

L’EBITDA d’EDF a atteint -5 milliards d’euros (18 milliards d’euros en 2021). Les 20 TWh d’ARENH supplémentaires imposés par l’Etat dans le cadre du bouclier tarifaire ont lourdement pesé dans la balance avec un impact de -8 milliards d’euros au niveau de l’EBITDA. Mais, c’est surtout l’effondrement de la production d’électricité nucléaire (279 TWh produits en 2022 contre 361 TWh en 2021 à cause des problèmes de corrosion notamment) qui a plombé le groupe avec un impact de -29 milliards d’euros. 2022 aurait pu être une année exceptionnelle pour EDF sur le plan financier. C’est au contraire une année noire !

Les performances des pétro-gaziers sont également hétérogènes. La division Gas & Low Carbon Energy de BP a été très performante grâce à l’amont gazier. En revanche, les activités électro-gazières de Shell et ENI ont réalisé des niveaux de profitabilité très bas car elles sont surtout présentes dans le retail d’électricité et de gaz alors que leur production d’électricité est encore marginale.

La contre-performance globale en termes d’EBITDA a eu de lourdes répercussions sur le résultat net du secteur électro-gazier. On vous dit tout dans le prochain article.

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